MOTS CLES
EFFACEMENT
RECONSTRUCTION
ASSEMBLAGE
"On dirait que les événements arrivent pour se faire capturer. On est tous des agents dormants, il y a cette destinée de l’événement pour devenir image. L’événement veut devenir image. Le réel se chorégraphie pour devenir image"
Emmanuel Van der Auwera, tiré d'un entretien sur www.lecho.be
Le visionnage de ce court-métrage est tombé au bon moment dans ma pratique puisqu’il est directement lié à mon intérêt naissant pour l’image 3D composée à partir de la réalité.
J’ai commencé dans mon travail plastique à utiliser une technique de scan en 3D basée sur le principe de la photogrammétrie (qui créée une surface en relief à partir d’une quantité importante de photographies).
Ce procédé m’intéresse tout particulièrement de par sa capacité à créer un double numérisé du réel, qui —nous pouvons l’évoquer— provoque un peu la même fascination qu’à pu connaître la photographie à l’époque de son invention.
Lorsque cette technique est utilisée avec peu de moyens et un équipement non professionnel, les objets 3D possèdent énormément de petits ratages, de formes inexistantes qui viennent se glisser dans un semblant de réel. C’est en partie ces éléments que je trouve notables, et c’est là qu’intervient une certaine notion d’aléatoire au sein de l’objet. Les petits cafardages, les formes géométriques et les manquements dans les textures des objets 3D donnent une autre plasticité au réel. L’acte de numérisation en relief du réel est un terrain fertile sur le plan conceptuel. Dans ma pratique personnelle je l’appréhende comme un objet hybride entre la photographie et la vidéo. C’est une autre manière par exemple d’appréhender la photographie puisqu’un scan prend en compte davantage d’éléments. Ma fascination pour l’outil naît principalement de la notion de « traduction » de la réalité que permet l’objet 3D. Dans la photographie le cadre est posé, limité, il y a un champ et un hors champ. La technique de prise de vue en tant qu’opérateur n’est pas la même. Le champ et le hors-champ existent mais se confondent davantage.
The sky is on fire (court métrage d'Emmanuel Van der Auwera) est une réflexion sur ce qui reste de nous lorsque nous ne serons plus là, et sur notre envie/besoin d’éternité en nous comparant à la technologie. Cette réflexion est énoncée par un narrateur que nous voyons en insert se filmer avec son téléphone portable et nous parler. Tandis que les images elles sont juste des défilements lents dans des espaces en 3D figés et vides.

Le réalisateur a combiné des scans en trois dimensions des rues de Miami en y collant le monologue d'un homme parlant de la fin du monde provenant de l'application de vidéos en direct Periscope.